Enfin un journaliste qui prend des risques...
Et vous, allez-vous savoir aller au bout de vos rêves..?
HYPNOSE DES RÉSULTATS À DORMIR DEBOUT
CL a testé l'hypnose. Loin des
clichés, du folklore de l'hypnose de foire et des «dors je le veux», cette
pratique en vogue affiche des résultats étonnants. On a vérifié.
01.07.2010
Ismaël
KARROUM |
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Ce gars-là méritait une enquête. Sale
impression qu'il voulait me mener en bateau avec son sourire de Bisounours et
sa voix de gourou. Son hypnose, ça pouvait être que de l'arnaque. Un truc pour
épater la ménagère de moins de 50 ans sur le plateau de Patrick Sébastien.
Fallait que je teste, avec ma dépendance au tabac qui a déjà résisté aux
patchs, aux substituts et au bon sens. En plus, mes doutes et sarcasmes le
faisaient marrer. «Il n'y a rien de magique dans l'hypnose. C'est un
travail, un travail sur l'inconscient. Rien à voir avec l'hypnose de foire et
le "dors je le veux"», m'assure et me susurre Pierre De Clercq.
Il exerce depuis 2007 à Bordeaux. Depuis deux
ans, deux jours par semaine, c'est à Angoulême qu'il hypnotise. À deux pas de
la place Victor-Hugo. L'hypnose, il s'en sert pour traiter «la douleur, les
dépendances à l'alcool ou au tabac». «Les problèmes de confiance en soi, mais
aussi les problèmes sexuels et le stress.» Sur le tabac, Pierre De Clercq
avance des résultats étonnants. «Sur Bordeaux, 756 réussites pour 784
patients.» Avec moi, il va avoir droit à un échec supplémentaire, c'est
certain.
Déjà quatre tentatives ratées
de sevrage
Côté tabac, je me sens incurable. Déjà quatre
tentatives ratées de sevrage. Une avec ma seule volonté: ç'a duré quelques
heures. Les trois autres avec des substituts - patchs plus gommes à mâcher - le
tout avec suivi à la permanence d'aide au sevrage tabagique de l'hôpital de
Cognac. Je suis resté abstinent de trois à six mois. J'ai toujours replongé. Au
début de chaque sevrage, je suis proche du meurtre et du divorce.
Pierre De Clercq sourit. Il me parle de
l'inconscient, de me reconnecter avec l'enfant non-fumeur que j'étais il y a
douze ans, que je suis aussi aujourd'hui, la nuit. Il me parle inconscient
quand je sais que la dépendance au tabac est aussi et surtout physique. C'est
scientifique: des récepteurs neurologiques ont besoin de leur dose de nicotine
quand ils y ont été habitués. Il se prend en exemple: «J'ai arrêté de fumer
avec l'hypnose. Il y a vingt-cinq ans.»
J'ouvre mes chakras. Par un jeu de questionnement,
il met en lumière les incohérences du fumeur. Met l'accent sur les dangers du
tabac. «66.000 morts par an.» «Un fumeur sur deux en mourra directement. Les
deux vivront moins longtemps que s'ils ne fumaient pas.» Il déculpabilise,
met en confiance. Et insiste: «Fumer, c'est inconscient. La preuve, parfois
tu te retrouves avec une cigarette aux lèvres sans savoir comment elle y est
arrivée.» Et puis si c'était conscient, un mec aussi intelligent que moi ne
s'enverrait pas autant de produits nocifs dans les poumons. La discussion dure
environ une demi-heure. à force de me parler de clopes, il me donne envie de
fumer...
Mais, évidence, je commence à me détendre, à me
sentir en confiance. Cette première phase de la séance, c'est l'hypnose
conversationnelle. Celle qui commence à battre en brèche mes réticences, mes
croyances. Elle prépare le terrain. «Allez, maintenant, on va travailler»,
sourit Pierre De Clercq. Il me fait entrer dans une autre pièce. Un petit salon
cosy. Lumière tamisée, deux sofas se font face. «Installe-toi, mets-toi à
l'aise.»
Une musique douce en fond sonore. Le bruit
apaisant d'une petite fontaine. On se croirait en pleine séance de relaxation.
Pas de pendule, pas de gri-gri. Juste une voix apaisante. En quelques minutes,
je m'affale complètement dans le sofa. Je m'allonge. Détendu. J'entends la voix
de Pierre De Clercq. Il parle. ça ressemble à de la sophrologie. Sa voix est
étonnante. Cristalline, posée. Je l'entends. Il parle de «faire le ménage»,
«nettoyer chaque pièce».
Tout d'un coup, une sensation
de lumière intense
J'entends les mots «liberté», «libéré».
Je me rappelle de propos valorisants aussi. Des invitations à se remémorer des
instants doux et agréables de la vie. Des souvenirs ressurgissent. Savoureux.
J'en suis convaincu: si j'veux, j'ouvre les yeux. Mais je les garde fermés.
Tout d'un coup, une sensation de lumière intense.
Comme si on me braquait une lampe torche sur le visage. J'entends: «Et
maintenant, si tu le veux, tu peux ouvrir les yeux.» Je les ouvre. C'est là
que je prends conscience d'avoir été hypnotisé. C'est aussi quand je me rends
compte que je viens de passer une heure trois quarts dans cette position, alors
que j'avais l'impression de n'être resté qu'un quart d'heure dans ce sofa. Le
temps s'est arrêté, le temps a filé. Toujours ce sourire, cette voix. «ça
va?»
On reparle tabac. «Alors tu comptes fumer
combien de cigarettes par jour maintenant?» «Bah zéro, non.» Il me
déculpabilise: «OK. Mais si tu te sens pas bien, si t'as une envie forte, ne
te martyrise pas. Prends en une. Tu la trouveras infecte.»
Je sors de son cabinet après lui avoir signé un
chèque de 100 euros. L'équivalent d'un mois de patchs ou de douze jours de
clopes. Mes mains ne se dirigent pas en quête du paquet dans mes poches. Je regarde
le tabac: je n'ai pas à me raisonner pour ne pas y pénétrer. ça faisait douze
ans que je n'avais pas passé une journée sans nicotine, à inhaler, en patchs ou
en gomme. Je tiens depuis quinze jours. Sans béquille chimique, en ne m'étant
accroché avec personne et sans ressentir de manque.
(1) Pierre De Clercq, 8, rue de Montbron à Angoulême; 06.10.65.08.71.
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